La radioactivité, un phénomène naturel ou provoqué
Lecture 10 min
La désintégration des noyaux d’un dégage des rayonnements, un phénomène appelé . Comme les atomes instables sont présents dans toute la matière, nous sommes entourés d’une . S’y ajoute parfois la radioactivité provoquée par l’Homme, que ce soit dans des applications militaires, médicales ou industrielles. Celle-ci est mesurée avec précision et strictement contrôlée pour éviter sa dissémination dans l’environnement et les tissus vivants.
© Le personnel intervenant en zone nucléaire porte des dosimètres pour mesurer la quantité de rayonnements à laquelle il est soumis et s’assurer que celle-ci soit inférieure à la norme autorisée. AFP / KIMIMASA MAYAMA / POOL
On connaît actuellement 118 éléments chimiques, caractérisés par un nombre défini de protons dans leur noyau. Ces 118 éléments regroupent quelque 2 800 isotopes (même nombre de protons, mais nombre de neutrons différents). Sur ces 2 800 noyaux connus aujourd’hui, seuls 264 sont stables.
Or la nature n’aime pas l’instabilité. Les isotopes instables vont évoluer vers un état de stabilité et se transformer (on dit « se désintégrer ») progressivement en émettant une ou plusieurs particules et des rayonnements électromagnétiques. C'est ce que l'on appelle communément la . En d’autres termes, la radioactivité, c’est la quête de la stabilité1.
Au fur et à mesure que les atomes se désintègrent, la radioactivité d'un élément diminue. Cela s’appelle la décroissance radioactive. Le temps au bout duquel la radioactivité a diminué de moitié a pour nom la période radioactive. Chaque élément physique a une période qui lui est propre, qui peut varier de quelques fractions de secondes… à des milliards d'années ! La période radioactive de l’oxygène 15 est de deux minutes, celle de l'iode 131 de huit jours, celle du carbone 14 de 5 730 ans et celle de l’ 238 de plus de 4,5 milliards d'années.
Un phénomène naturel ou artificiel
Toute matière au sein de l'univers est constituée d'une proportion plus ou moins grande d'atomes radioactifs. Nous vivons donc en permanence dans un environnement qui est naturellement radioactif2. Même le corps humain l’est légèrement (environ 150 becquerels par kilogramme).
La a notamment une origine , provenant du sol, et tout particulièrement des régions granitiques. Elle est également d’origine cosmique, en raison de réactions nucléaires dans les hautes couches de l’atmosphère. Ainsi, plus on monte en altitude, notamment lors de voyages en avion, plus on est soumis à la radioactivité. L’air contient aussi des substances radioactives, essentiellement le .
Plus des deux tiers de la radioactivité à laquelle nous sommes tous exposés chaque année est d'origine naturelle. Le reste est dû à une radioactivité provoquée par l’Homme3, essentiellement les examens médicaux et le traitement de certaines maladies (28 %) et, pour une très faible part, certaines activités industrielles (centrales à charbon, industries nucléaires ou non nucléaire) ou militaires.
Les différents types de rayonnements
Il existe trois types principaux de rayonnements :
- les rayonnements Alpha (α), formés de particules comportant deux protons et deux neutrons, dont la portée dans l'air est de quelques centimètres. Ces particules sont arrêtées par une simple feuille de papier ;
- les rayonnements Bêta (β), formés d'électrons, qui parcourent quelques mètres dans l'air. Il suffit d'une feuille d'aluminium, d'une vitre ou d'une planche de bois pour les arrêter ;
- les rayonnements Gamma (γ), qui sont des rayonnements électromagnétiques, beaucoup plus pénétrants (ils peuvent parcourir plusieurs centaines de mètres dans l'air) et sont de même nature que les rayons X. De fortes épaisseurs de plomb ou de béton sont nécessaires pour les atténuer.
Les unités de mesure de la radioactivité
Les scientifiques ont défini trois niveaux pour mesurer la radioactivité :
- L’intensité de la source radioactive est mesurée par le becquerel (Bq). Un Bq correspond à 1 désintégration par seconde (c’est une unité infiniment petite). On utilisait autrefois le curie mais cette unité est aujourd’hui abandonnée.
- La quantité de radioactivité absorbée par un matériau inerte ou un tissu vivant, mesurée par le gray (symbole Gy). Cette « dose » de radioactivité est la quantité d’énergie absorbée par un kilogramme de matière.
- La quantité de radioactivité absorbée spécifiquement par un tissu vivant (plante, animal, humain). C’est le , avec ses sous-unités le millisievert (mSv) et le microsievert (µSv). Pour les rayonnements bêta et gamma, 1 Sv est équivalent à 1 Gy.
Les scientifiques ont éprouvé le besoin d’une unité relative à l’irradiation du tissu vivant : le sievert (Sv). En effet, la radioactivité a des effets très importants sur celui-ci. Lors d’une irradiation aigüe, du corps entier, les premiers malaises apparaissent au-delà de 5 000 mSv et la vie est menacée.
Les autorités de sûreté nucléaire des différents pays ont pour mission la protection du public et des intervenants contre les éventuels effets nocifs des rayonnements ionisants. Ces effets se mesurent par le « débit de dose » exprimé généralement en mSv par an. La radioactivité naturelle en France est d’environ 2,4 mSv par an, mais elle atteint 260 mSv dans certaines régions du monde. Il n’est pas possible d’établir de corrélation entre les faibles doses (typiquement <100 mSvt par an) et un excès de probabilité d’apparition de cancers dits radio-induits. La loi française a fixé pour le public des limites strictes à l’irradiation provoquée : 1 mSv par an. Pour un professionnel (travailleur de l’industrie nucléaire ou opérateur médical), elle a été fixée à un niveau plus haut -20 mSv- mais sans danger reconnu. A titre de comparaison, un an à bord d’une station spatiale correspond à une exposition de 100 à 300 mSv.
Sources