De la conquête du feu à la maison connectée : une histoire du chauffage
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Le chauffage répond à un besoin (lutter contre le froid), mais il est aussi le reflet d’habitudes sociales, le symbole du « foyer » autour duquel on se rassemble. Les systèmes de chauffage ont aussi suivi l’évolution des sources d’énergie et des innovations technologiques. Un aperçu de cette histoire en quelques images.
1. Le « Pompéi de la Préhistoire »
Dès que l’Homme a su domestiquer le feu, il s’en est servi pour se chauffer, cuire des aliments et éloigner les animaux sauvages. Pendant l’âge du bronze, apparaissent les premiers fours à l’intérieur de cabanes. Vers -1660 avant Jésus-Christ, soit 17 siècles avant la destruction de Pompéi et Herculanum, une éruption du Vésuve s’est produite et les nuages de cendres ont pétrifié les huttes du village de Nola. A l’intérieur de l’une d’elles, un four a été retrouvé quasiment intact (photo). Selon les archéologues, des orifices dans le toit laissaient passer la lumière et les fumées.
2. L’hypocauste romain
Les Romains, puis les Gallo-Romains en Gaule, avaient conçu, pour leurs thermes (bains), un système de chauffage par le sol appelé hypocauste. Du était allumé dans une petite chambre circulaire (praefurnium) qui communiquait avec l'hypocauste. Celui-ci était recouvert d’un sol « suspendu » (suspensura), qui reposait sur des empilements de briques carrées disposés à intervalles réguliers. Les baigneurs devaient chausser des sandales à semelles de bois pour ne pas se brûler… Sur la photo, le site d'Escolives-Sainte-Camille, près d’Auxerre (Yonne).
3. La révolution de la cheminée
L’évacuation des fumées est le grand problème du chauffage. Pendant le haut Moyen-Age (Ve – Xe siècle), on se chauffe avec des braseros, généralement en extérieur. Les premières cheminées apparaissent en France au XIe siècle dans les châteaux ou les abbayes, et elles se répandent très lentement dans les villes puis les campagnes. L’âtre, la partie dallée sous la cheminée, devient un véritable lieu de vie. On s’y réchauffe, on y fait la cuisine, on y fait sécher le linge, on y tient des réunions et des veillées « au coin du feu ». Huile sur bois du peintre hollandais Pieter Aertsen (1508 –1575).
4. Un lien social qui a traversé les siècles
Il est à noter que la cheminé a gardé cette image de l’intimité du foyer, près duquel on se tient volontiers pour échanger avec les autres ! De 1933 à 1944, le président américain Franklin Delano Roosevelt inaugure des « causeries radiophoniques au coin du feu ». L’expression est reprise par l’ancien président français Valéry Giscard d’Estaing qui présente volontiers ses vœux devant la cheminée. Sur la photo, le candidat George W. Bush, qui sera président des États-Unis de 2001 à 2009, s’essaye à l’exercice avec son épouse.
5. La cheminée, objet de décoration
Au fil des siècles, la cheminée devient objet de décoration, avec des piédroits et une corniche en marbre, en stuc ou en bois. Sur la photo, la cheminée de la chambre de la reine Marie-Antoinette au château de Versailles. Aujourd’hui, avec le retour à la mode du chauffage au bois, les architectes d’intérieur font aussi de l’« insert » un objet de design.
6. La suprématie progressive du poêle
Très populaire en Europe du Nord et de l’Est, le poêle comporte une chambre de combustion fermée reliée à la cheminée par un conduit. Il contient souvent un système de briques dans lequel circule la tandis que des céramiques décoratives contribuent aussi au stockage des calories. A gauche, un poêle monumental installé au XVIIIe siècle par le Maréchal de Saxe au château de Chambord, sur la Loire. A droite, un poêle « portatif » de style Jugendstil (art nouveau allemand) vers 1900.
7. L’arrivée du charbon
A partir de la fin du XIXe siècle, le charbon s’impose comme l’énergie la plus accessible et la moins chère. Les grandes entreprises de fonderie fabriquent alors des gammes de poêles vendus en série. Ici le célèbre « poêle Godin », conçu par l’industriel Jean-Baptiste Godin qui implanta ses usines en France et en Belgique.
8. Vers le chauffage central
Le poêle permet, plus que la cheminée, le chauffage de grandes surfaces. Il peut aussi être associé à des systèmes de chauffage central, où la chaleur produite chauffe de l’eau qui circule dans des radiateurs placés dans diverses pièces de la maison. Les maisons des villes s’en équipent peu à peu. A gauche un poêle de la maison De Dietrich, fondée au XVIIe siècle, dans l’église de Fuday (Bas-Rhin). A droite, une publicité d’une très ancienne société americano-européenne qui deviendra en 1949 Ideal-Standard.
9. La tradition rurale de la cuisinière à bois
Dans les campagnes, la cuisinière à bois retrouve les fonctions multiples de l’âtre d’autrefois, du chauffage à la cuisine grâce à ses braises que l’on ranime de temps en temps. Elle comporte un four, un chauffe-plat, un réservoir d’eau chaude, une rampe pour suspendre le linge mouillé. Jusque dans les années 1950, dans les villages, on se rassemble près d’elle avant d’aller se coucher sous des duvets dans des chambres sans chauffage…. Elles redeviennent à la mode dans les cuisines modernes.
10. L’aube des radiateurs électriques
Le chauffage suivant naturellement l’évolution des techniques énergétiques, les premiers radiateurs électriques apparaissent avec le développement des lampes à incandescence vers 1880. Les constructeurs rivalisent de visions futuristes, avec la dimension esthétique qui caractérisait déjà les poêles en céramique. Voici deux exemples conservés au musée EDF de Mulhouse (Est de la France).
11. Un avenir fait de capteurs et de thermostats
En dehors des améliorations continues des chaudières et radiateurs, l’avenir du chauffage réside dans le contrôle précis des flux de chaleur et des températures. Ici, une opératrice montre une tablette qui permet de contrôler à distance la température de chaque pièce d’un logement et d’intervenir sur les climatiseurs ou les radiateurs.