Le Golfe et l'énergie en 16 images

Publié le 16.05.2017

Lecture 5 min

Collège
Histoire, géographie et géopolitique
Le Golfe et l'énergie

1. La grande région du pétrole et du gaz

Le Golfe (appellation préférée à Golfe persique ou arabique pour ne pas froisser les susceptibilités régionales) est la région du monde où les hydrocarbures sont à la fois les plus abondants et les plus faciles à extraire. L’Arabie Saoudite est, avec la Russie et les États-Unis, dans le trio de tête des producteurs de pétrole. Le Qatar et l’Iran disposent des plus grandes réserves de gaz, avec la Russie. Le Koweït, l'Irak, les Émirats Arabes Unis, Bahreïn, Oman sont également riches en hydrocarbures. Sur la photo, les installations du géant de Shayba en Arabie Saoudite.

Création de l'OPEP

2. Au cœur de la géopolitique mondiale

Tout au long du XXe siècle, le pétrole a été un enjeu majeur de pouvoir. Le 14 septembre 1960 (date de la photo), lors d’une conférence à Bagdad, l’Arabie Saoudite, le Koweït, l’Irak, l’Iran et le Venezuela créent l’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole). Il s’agissait, dans un contexte de  baisse des prix mondiaux, de réduire le pouvoir des « majors », les grandes compagnies internationales de pétrole qui contrôlaient alors 90 % de la production pétrolière. L’Opep réunit aujourd’hui 13 pays producteurs.

Guerre du Koweit

3. Une sécurité souvent menacée

Les enjeux énergétiques et les rivalités régionales ont débouché sur de nombreux conflits : la guerre Iran-Irak (1980-88), la guerre du Koweït (1990-91) puis l’invasion de l’Irak par les États-Unis et leurs alliés (2003). Une des images les plus symboliques de ces conflits est l’incendie des puits de pétrole du sud du Koweït en mars 1991 (date de la photo). En se retirant après sept mois d’occupation, les troupes irakiennes détruisirent 727 puits, provoquant de graves pollutions atmosphériques, terrestres et marines.

Pétrolier Golden Energy, port de Ras Laffan

4. Les débouchés stratégiques sur le Golfe

Le extrait de la péninsule arabique est transporté par pipelines vers le Golfe et également vers la Mer Rouge et la Méditerranée, via la Jordanie et la Syrie, d’où il sera exporté vers les différents marchés du monde. Le Golfe assure 30 % du commerce mondial du pétrole. Les terminaux pétroliers et gaziers ont donc une importance majeure. Ici, le pétrolier Golden Energy dans le port de Ras Laffan au Qatar. En d’autres points, des îles artificielles ont été créées pour favoriser l’accostage des tankers de tous les pays.

Des détroits sous surveillance

5. Des détroits sous surveillance

Cette importance stratégique fait que le Golfe est l’objet d’une surveillance permanente, notamment par les forces navales américaines. Cela d’autant plus que l’accès du Golfe est assuré par un détroit de 63 km, le détroit d’Ormuz, entre l’Iran et le sultanat d’Oman, par où passent 2 400 pétroliers par an. Plus au sud, un autre détroit, celui de Bab-El-Mandeb, entre la péninsule arabique et l’Afrique, est également essentiel à la libre circulation du pétrole. Sur la photo, un militaire américain scrute l’horizon lors d’une des nombreuses opérations dans la région.

Raffinerie de Jubail

6. Des infrastructures géantes

L’Arabie Saoudite dispose sur le Golfe de très importantes infrastructures portuaires de  , de  de gaz et d'exportation, notamment à Ras Tanura, Ras Juaymah et Jubail. La  de Jubail (photo) est l’une des plus grandes au monde. Mise en service en 2013, elle peut atteindre une capacité de raffinage de 400 000 barils par jour et occupe l’équivalent de 700 terrains de football.

Raffinerie de Jubail

7. Des capacités de stockage pour le pétrole

Le niveau très élevé des quantités de pétrole brut traité et exporté conduit à de vastes unités de stockage. De grands bacs sont destinés à recevoir le pétrole brut. Sur la photo, des opérations de maintenance sont en cours au fond de l’un d’eux dans l’enceinte de la raffinerie de Jubail. Pour éviter d'éventuelles fuites, l’état des cuves et leur degré de  sont régulièrement vérifiés.

Raffinerie de Jubail

8. Capacités de stockage aussi pour le gaz

Sur la photo, à la raffinerie de Jubail, les cuves de stockage de gaz de pétrole liquéfié (GPL) sont à demi enfouies dans le sable. Le GPL est un mélange d'hydrocarbures légers, essentiellement du propane et du butane. Stocké à l'état liquide, il est issu du raffinage du pétrole pour 40 % et du traitement du gaz naturel pour 60 %.

Gisement gazier entre le Qatar et l'Iran

9. Le gisement gazier entre le Qatar et l’Iran

Plus de 32 milliers de milliards de m3 de gaz (15 à 20 % des réserves totales mondiales) sont piégés sous un immense dôme au milieu du Golfe, entre le Qatar et l’Iran. Le gisement occupe près de 10 000 km2, dont l’Iran contrôle plus du tiers. Longtemps frappé par un blocus économique international, l’Iran a relancé depuis 2016 l’exploitation de son gaz naturel, notamment dans cette zone que Téhéran appelle South Pars. Sur la photo, une plateforme iranienne, près de la frontière maritime du Qatar.

Ras Laffan

10. Les filières de transformation du Qatar

Bénéficiant de près des deux tiers du grand gisement gazier du Golfe (appelé de ce côté North Field ou North Dome), le Qatar est devenu un géant du secteur. Le pays s’est doté de puissantes unités de liquéfaction de gaz, dans la nouvelle ville industrielle de Ras Laffan (photo). Selon un processus peu répandu dans le monde, le gaz y est également transformé en hydrocarbures liquides (essence et ).

Chargement d'un méthanier dans le port de Ras Laffan

11. Le Qatar, premier exportateur mondial de gaz naturel liquéfié (GNL)

Fort de cet outil industriel de liquéfaction du gaz, le Qatar est devenu le premier exportateur de GNL, dont il détient un tiers du marché mondial. Il est le second exportateur de gaz, formes liquide et gazeuse confondues, derrière la Russie. Sur la photo, chargement d’un  dans le port de Ras Laffan, que le Qatar se plaît à appeler « la capitale mondiale du gaz ».

Îles artificielles de la "Palm Jumeirah", Dubaï

12. Des besoins croissants en énergie

La consommation d’énergie des pays du Golfe a connu depuis l’an 2000 un rythme de croissance plus fort qu’en Chine ou en Inde. À cela, plusieurs raisons : l’essor démographique, les besoins de l’industrie, le dessalement de l’eau de mer et le développement exponentiel de villes ultra-modernes qui veulent attirer les investisseurs du monde entier. Le quart de la production d’hydrocarbures de la région est consommé localement. Sur la photo, les îles artificielles de la "Palm Jumeirah" de Dubai.

Shams 1

13. L’incontournable recours aux énergies renouvelables

La croissance des besoins énergétiques pousse les pays du Golfe à développer leurs capacités en  , tout particulièrement le solaire. Sur la photo, le plus grand parc solaire de la région, Shams 1, a été construit aux Émirats Arabes Unis, près d’Abou Dhabi (100 MW, 258 000 miroirs paraboliques sur un espace de 2,5 km2).

Voitures électriques, Masdar City

14. L’ambition d’être un laboratoire mondial

Plusieurs pays du Golfe se veulent à la pointe de l’innovation, bénéficiant pour cela de leurs grandes capacités d’investissements. Les Émirats Arabes Unis ont construit dans le désert, à 30 km d’Abou Dhabi, la ville-pilote de Masdar City, conçue comme une « Silicon Valley de l’énergie ». Elle abrite notamment l’Agence internationale des énergies renouvelables (IRENA). Son réseau de transports en commun teste les voitures électriques à conduite autonome (photo).

Centrale Bouchehr, Émirats Arabes Unis

15. Les pays du Golfe s’intéressent au nucléaire

L’Arabie Saoudite a engagé des discussions avec la Russie et la France pour un programme nucléaire annoncé comme ambitieux. Les Émirats Arabes Unis ont commencé, avec leur partenaire coréen KEPCO, à en construire quatre. L’Iran exploite depuis 2011 la centrale de Bouchehr (photo) et a engagé la construction de deux autres réacteurs après avoir persuadé la communauté internationale de sa décision de ne pas s’engager dans le nucléaire militaire.

16. Des incertitudes qui demeurent

La fragilité géopolitique de la région n’a pas disparu. La rivalité entre l’Iran et l’Arabie Saoudite a alimenté depuis 2016 un conflit dans le sud de la péninsule arabique, au Yémen. Avec des prix du gaz élevés, les habitants de la capitale Sanaa et des camps de réfugiés qui l’entourent sont revenus à la source d’énergie la plus primaire, celle du bois.