Comment maîtriser la déforestation ?

Actualisé le 20.03.2025

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Sciences de la vie et de la terre

La déforestation se poursuit dans de nombreuses régions du globe même si elle ralentit depuis trois décennies, preuve que les efforts sont utiles. Elle réduit les capacités de captation du CO2 de l’atmosphère par les végétaux et les sols et donc complique la lutte contre le . L’agro-industrie, les besoins en terres cultivées de populations locales, les incendies en sont les causes principales. Comment faire pour lutter contre ce phénomène ? 

Comment maîtriser la déforestation ?
Le saviez-vous ?
La forêt occupe plus de 30 % des terres émergées

La forêt et le changement climatique 

La forêt occupe plus de 30 % de la surface des terres émergées, soit plus de 4 milliards d’hectares[1]. Protectrice de la , des sols et des ressources en eau, elle est le plus important « absorbeur » de carbone. Elle « séquestre » l’équivalent de 33 % des émissions de CO2 mondiales par an, elle constitue donc une vraie alliée pour atteindre la neutralité carbone. 

Mais cette capacité est réduite par le mouvement persistant de la déforestation. Celle-ci entraîne des émissions de gaz à effet de serre (GES) par la combustion et la décomposition des sols. Ces émissions représentent 11 % des sources anthropiques annuelles de CO2.  

Ainsi, la gestion durable de la forêt est un élément essentiel de la lutte contre le changement climatique. 

4,7 millions d'hectares :
la perte annuelle des zones forestières mondiales

L’évolution de la déforestation 

La FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) définit la déforestation comme la perte de zones forestières, qu’elle soit due à l’homme ou pas. Elle estime que 420 millions d’hectares de forêt (l’équivalent de la superficie de l’Union européenne) ont été perdus dans le monde à cause de la déforestation depuis 1990, soit plus de 10 % de la surface boisée totale.  

Mais heureusement, deux facteurs modèrent ce constat inquiétant : 

  • Au fil des décennies, le rythme de ces pertes a beaucoup diminué. De quelque 15 millions d’hectares par an en moyenne entre 1990 et 2010, le chiffre est passé à 12 entre 2010 et 2015 et à 10 entre 2015 et 2020.  
  • Il y a une expansion de la forêt, par régénération naturelle ou par reboisement volontaire. En additionnant les pertes et les gains, la FAO définit le « changement net » de la superficie forestière. La perte n’est plus que de 4,7 millions d’hectares par an sur la période 2010-2020. 

La déforestation selon les continents 

La disparition des forêts tropicales a représenté plus de 90 % de la déforestation mondiale entre 2000 et 2020. L’Afrique présente le recul les plus élevé de la forêt, avec une situation qui empire. L’Amérique du sud est également très affectée mais le « changement net » s’améliore. L’Asie en revanche affiche un gain net de superficie forestière en 2010–2020. Les pays développés, généralement de climat tempéré, ont connu la déforestation il y a plusieurs siècles et enregistrent aujourd’hui une stabilisation voire, comme la France, une progression de leur densité forestière.
 

Le cas de l’Amazonie

L’Amazonie, symbole mondial de la forêt primaire, va mieux.  En 2023, 5 000 km2 ont été détruits alors qu’il y avait eu 10 000 km2 de perdus en 2022. C’est le niveau de déforestation le plus bas depuis 2018. Mais on est encore loin de l’objectif « zéro déforestation » d’ici 2030. Des associations écologistes comme Greenpeace mettent également en garde contre le risque de déplacer les risques industriels, notamment la culture du soja, vers d’autres grandes zones naturelles comme le Cerrado, immense savane au sud du Brésil, grande comme la moitié de l’Union Européenne. 
 

La responsabilité de l’agro-industrie   

La déforestation est essentiellement due à l’exploitation du bois et à la conversion des zones boisées vers d’autres usages comme l’agriculture et l’élevage. Les spectaculaires incendies en Californie ou en Australie jouent un moindre rôle, quoiqu’en progression. 

Selon la FAO, l’expansion des terres cultivées est à l’origine de près de 50 % de la déforestation mondiale. À lui seul, le palmier à huile a causé 7 % de la déforestation mondiale entre 2000 et 2018. Le pâturage des grands élevages de bétail est à l’origine de 38,5 % pour cent de la déforestation.  

En Amérique latine, notamment au Brésil, ce sont les grosses exploitations de soja et de maïs et les grands élevages qui font reculer la forêt. 

En Afrique centrale, ce sont plutôt de petites exploitations de nature vivrière, avec une culture sur brûlis qui impose de changer de parcelles souvent et donc de grignoter sans cesse la forêt ou la savane. 

En Asie du Sud-Est, notamment en Indonésie, la plantation de vastes espaces de palmiers à huile a été la cause première de la déforestation. L’huile de palme est utilisée dans l’alimentation et la production de biocarburants. Dans ce dernier domaine, l’Union européenne (UE) a instauré des règles qui imposent notamment la reforestation et l’Indonésie a adopté des critères de durabilité, sans toujours parvenir à contrôler les exploitations illégales. 

Ces besoins d’extension de l’agriculture se doublent du fait que, dans les pays en développement, les combustibles dérivés du bois sont la source principale d’énergie pour plus de 2 milliards de pauvres. En Afrique, plus de 90  % du bois récolté sert à couvrir les besoins énergétiques.
 

Les solutions 

La meilleure des solutions est de réduire ou arrêter la déforestation. Sinon, l’action la plus efficace est le reboisement, notamment en développant ce que la FAO appelle la « forêt de plantation », soumise à une gestion intensive, avec des arbres de même âge et plantés à intervalles réguliers. Les forêts de plantation couvrent quelque 131 millions d’hectares, soit 3 % de la superficie forestière mondiale.  

Au niveau international, les Nations unies ont engagé les programmes Reducing Emissions fromDeforestation and Forest Degradation (REDD), puis REDD+. 

Ces programmes ont mis l’accent sur des mesures incitant les entreprises et les communautés à faire de l’agriculture sans convertir les forêts, par exemple en améliorant les rendements agricoles, ou à exploiter les produits forestiers de façon durable, sans dégrader les zones boisées. 

Le reboisement – qui a notamment été largement développé en Chine – est un moyen utile mais qui ne doit pas se substituer à l’ «évitement de déforestation ». Un hectare reboisé n’est pas équivalent à un hectare détruit car il perd le plus souvent en qualité par rapport à la forêt naturelle, notamment en termes de diversité des essences et de protection de la biodiversité. 

 

[1] Rappelons que 100 hectares = 1 km2. La forêt occupe donc 40 millions de km2. 

 

Sources : 

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