États-Unis : gaz de schiste et énergies renouvelables changent la donne
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Le développement de l’exploitation des hydrocarbures de schiste, ainsi que celui des parcs solaires et éoliens, favorisés par les grands espaces géographiques américains, a profondément changé le des États-Unis. Le charbon a reculé, ce qui a fait baisser les émissions de CO2. Mais les politiques du gouvernement fédéral de Washington subissent des à-coups spectaculaires, qui créent une incertitude et perturbent l’action internationale contre le .
© ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP - Devenus exportateurs de pétrole et de gaz, les États-Unis ont développé les infrastructures nécessaires. Sur la photo, le terminal côtier de Cameron, en Louisiane, permettant la liquéfaction du gaz naturel avant son transport par méthanier.
L’essor des hydrocarbures de schiste
L’essor du et du pétrole de schiste à la fin des années 2000 a bouleversé le paysage énergétique des Etats-Unis. Ces hydrocarbures, extraits par une technique controversée, la , ont permis aux Etats-Unis d’augmenter de 71 % leur production de gaz et de plus que doubler leur production de pétrole entre 2009 et 2021.
Cela a eu deux conséquences :
- Les Etats-Unis sont devenus le premier producteur mondial de pétrole et de gaz, leur permettant d’améliorer leur autonomie énergétique et de peser sur les équilibres mondiaux.
- Les Etats-Unis ont pu réduire la longue dépendance au charbon dans la production de leur . Le basculement s’est produit en 2017 quand la part du charbon dans le a été dépassée par celle du gaz naturel, moins polluant et bon marché. Le gaz représente en 2025 plus de 43 % du mix électrique, reléguant la part du charbon à 16 %.
Le déclin de l’utilisation du charbon
Disponible en grandes quantités, à des coûts généralement bas, et assurant des dizaines de milliers d’emplois, le charbon a joué un rôle essentiel, parallèlement au pétrole, dans le développement américain depuis la fin du XIXe siècle. On l’a longtemps désigné par le nom de « King Coal », d’après le titre d’un roman de l’écrivain Upton Sinclair en 1917. En 1990, il assurait encore plus de la moitié de la production électrique.
Le déclin du charbon a permis aux Etats-Unis de réduire ses émissions de CO2 (de 17 % entre 2005 et 2023). Un chiffre très loin de ce qui serait nécessaire pour contenir le mondiale en dessous de 1,5 °C, à savoir une baisse de 65 % d'ici à 2035, par rapport au niveau de 2005.
Les fluctuations de la politique fédérale
Un objectif d’autant plus difficile à atteindre que la politique fédérale américaine, c’est-à-dire les décisions de Washington par rapport à celles des 50 Etats, a subi depuis 2017 de multiples à-coups.
L’élection du président Donald Trump en 2017 puis sa réélection en 2024 ont conduit à des politiques restrictives à l’égard des , très favorables à l’exploitation pétrolière et contradictoires avec le mouvement international de lutte contre le réchauffement climatique. Les Etats-Unis se sont même retirés en 2017 et 2025 de l’accord de Paris de 2015.
Les énergies renouvelables
Même si les soutiens fédéraux aux projets d’énergies renouvelables ont été réduits à partir de 2025, l’éolien et le solaire ont connu un fort développement.
Les grands espaces américains avaient déjà permis aux États-Unis de devenir un précurseur dans l’énergie hydroélectrique. Au début des années 1930, le président Franklin Delano Roosevelt avait lancé, dans le cadre de son New Deal, le spectaculaire projet hydraulique de la vallée du Tennessee, pour développer une région frappée par le chômage.
L’essor des technologies du solaire et de l’éolien a conduit les États-Unis à construire à partir des années 2000 les plus grands parcs de panneaux solaires et d’éoliennes. Même si elles sont aujourd’hui devancées par les projets de la Chine et de l’Inde, les installations américaines de Californie et du Mid-West sont encore majoritaires dans les palmarès mondiaux.
Un parc éolien comme l’Alta Wind Energy Center, en Californie, a une de plus de 1500 mégawatts (MW), soit l’équivalent d’une grosse (sans en avoir la régularité). La centrale photovoltaïque Solar Star, à Rosamond, en Californie, a une capacité de près de 600 MW.
L’éolien représentait en 2023 plus de 10 % du mix électrique, le solaire près de 4 %, l’hydraulique 5,5 %. Le nucléaire était stable en dessous de 19 %.
Aller plus loin
Les émissions de CO2 aux Etats-Unis (en anglais)