Le Kenya mise sur la géothermie et le renouvelable

Actualisé le 26.05.2023

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Histoire, géographie et géopolitique

Pays carrefour de l’Afrique de l’Est, le Kenya a fortement développé le secteur des services, accomplissant notamment des progrès spectaculaires dans l’utilisation du numérique et de la téléphonie. Si plus d’un tiers de ses 46 millions d’habitants vit encore sous le seuil de pauvreté, une classe moyenne a émergé au cours des dernières années. Elle contribue largement à la grande consommation intérieure qui assure les trois quarts de la croissance du PIB1.

 
L'usine géothermique d'Olkaria dans le centre du Kenya

Comme dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne, la consommation d’énergie finale reste dominée par la  (71 % en 2014), utilisée aux 2/3 pour le chauffage et la cuisson des aliments. La part des produits pétroliers, importés en totalité, est en forte hausse (de 16 % en 2004 à 22 % du mix en 2014) en raison notamment du développement du parc automobile2. Le pays a repéré quelques gisements en mer, à la frontière avec la Somalie, mais elle n’a pas engagé de développement dans ce secteur, qui est en plein essor en Afrique.  

Le point faible est l’électrification du pays : 23 % seulement des habitants y ont accès3, selon la Banque mondiale, et l’ représente moins de 5 % du . Améliorer la situation est une priorité pour le gouvernement de Nairobi qui l’a incluse dans un plan général de développement du pays, appelé Vision 2030. L’objectif est ambitieux : passer la capacité électrique installée de 2 200 MW à au moins 15 000 MW.

40 % :
la part de la géothermie dans la production électrique du Kenya.

La place éminente de la géothermie grâce au Grand Rift africain

Le Kenya part d’une situation originale : en 2016, la est devenue la première source de la production électrique (44 % en 2014), devant l’hydraulique (36 %) et le thermique (19 %). Ainsi, 80 % de son est assuré par les .

Le Kenya a commencé à capter cette richesse calorifique de la Terre dès les années 1980, avec la construction de la première tranche de la centrale d’Olkaria, à Naivasha, à 120 km au nord-ouest de Nairobi. Trois tranches supplémentaires opérées par la société publique KenGen (sauf une appartenant à la société américano-israélienne Ormat) ont été ajoutées. Avec une capacité totale installée de près de 550 MW, Olkaria est ainsi devenue une des plus grandes centrales géothermiques du monde, étalant ses forages sur 240 km2 pour aller extraire la à 2 km sous terre. La construction d’une cinquième tranche, puis d’une sixième, est prévue d’ici 2019.

Le pays, et d’ailleurs une large partie de l’Afrique de l’Est, est situé sur une immense faille du Globe, la vallée du Grand Rift, qui s’étend sur plus de 6 000 km jusqu'en Afrique australe. Cette faille favorise de forts flux géothermiques dont le potentiel énergétique total est estimé à 20 000 MW, dont 7 000 MW au Kenya. Les Nations Unies et les banques mondiales de développement encouragent l’essor de la géothermie dans tout l’Est africain et des projets sont prévus – mais non encore aboutis – en Ethiopie, en Tanzanie, à Djibouti.

La source géothermique présente de nombreux avantages. L’une de ses utilisations les plus immédiates est le chauffage des serres, contribuant ainsi à la production agricole. Elle est aussi moins chère : un kilowattheure d’énergie géothermique au Kenya coûte 0,07 dollar, contre 0,18 pour l’énergie générée par le fioul. Elle n’émet ni polluants ni CO2, elle est disponible en permanence et plus régulière que le solaire ou l’éolien.

Le Kenya a instauré des systèmes de micro-paiement par téléphones mobiles qui permettent entre autres de payer une note d’électricité quotidienne.

Les perspectives : énergies renouvelables et nucléaire

La source géothermique est venue à point nommé pour relayer l’hydroélectricité, dont la part dans le mix électrique est passée de 53 % en 2004 à 36 % dix ans plus tard. En raison des sécheresses de plus en plus fréquentes, le niveau des réservoirs a baissé et la disponibilité des centrales kenyanes est tombée en dessous de 60 % alors que celle de l’usine géothermique d’Olkaria approche 95 %.

Le plan Vision 2030 prévoit, dans son volet énergétique, de poursuivre dans cette voie du renouvelable. Il prévoit de multiplier par 9 la capacité géothermique pour la monter à 5 000  MW installés. Le nucléaire, énergie décarbonée, serait aussi largement développé ainsi que l’éolien et le solaire.

Le Kenya a notamment commencé la construction d’une grande ferme éolienne près du lac Turkana, à 500 km au nord de Nairobi, qui est un couloir de vents puissants venus de l’océan Indien (le Turkana Corridor Wind). Le parc devrait avoir une capacité installée de 310 MW à l'été 2017.

Le développement de la production s’accompagne d’une extension des réseaux électriques de haute tension. La sous-région de l’Afrique de l’Est est une de celle qui s’engage le plus dans la voie de l’intégration et l’électricité en est une illustration. Le Kenya a signé des accords pour des échanges électriques avec le Rwanda, l’Ouganda et la Tanzanie.

En matière de solaire, le Kenya, comme beaucoup d’autres pays africains, souhaite compléter les réseaux centralisés par des systèmes de production décentralisés, bien adaptés aux villages. Les sociétés impliquées bénéficient du haut niveau de la téléphonie mobile kényane et de ses applications en matière de micro-paiement. À titre d’exemple, l’entreprise M-Kopa Solar propose un kit solaire, composé d’un panneau qui alimente trois lampes et un chargeur de téléphone. Les abonnés payent ensuite via leur téléphone 0,33 centime d’euro par jour pour faire fonctionner le matériel.

 

Sources : 
  1. Données économiques Banque mondiale 
  2. Statistiques mondiales sur l‘automobile (OICA) (en anglais uniquement)
  3. Accès à l’électricité dans le monde 

 

 

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