La Russie et l’énergie

Actualisé le 13.08.2025

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Histoire, géographie et géopolitique

Pétrole, gaz, nucléaire : sur l’échiquier géopolitique mondial, la Russie reste un acteur énergétique majeur entre l’Europe et l’Asie.

La Russie et l’énergie

1. Les pipelines, symboles de la richesse énergétique russe

Fournisseur « tous azimuts » de gaz et de pétrole, extraits des immenses gisements de l’Eurasie, la Russie a dessiné sur son territoire de grands réseaux de transport d’énergie. Ils s’étendent des neiges de Sibérie aux grandes plaines de l’Asie centrale ou de la Russie d’Europe. Sur la photo, un entrelacs de pipelines évacue le pétrole du champ de Kharyaga. 

Nord Stream 1

2. L’Ouest se ferme … !

L’invasion militaire russe en Ukraine, en février 2022, a conduit l’Europe à se fermer progressivement aux importations russes de pétrole et de gaz. L’Union européenne dépendait avant le conflit à plus de 40 % de la Russie pour ses approvisionnements. Elle vise à tout arrêter d’ici 2027. Les deux grands gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2 qui acheminaient le gaz en Allemagne, sous la mer Baltique, sont arrêtés – et même sabotés - en septembre 2022. L’image de la station de réception de Nord Stream 1 derrière les grilles fermées devient symbolique.

3. Cap vers l’Est !

3. Cap vers l’Est ...

La Russie a besoin de vendre ses hydrocarbures. La Chine, avec l’énorme demande en énergie qu’exige sa croissance, est un marché très attractif. Moscou cherche depuis plus de 20 ans à accroître ses ventes à la Chine, et donc à renforcer le réseau de gazoducs dans cette direction. Le président russe Vladimir Poutine (image) avait dès 2014 lancé la construction d’un grand gazoduc « oriental », la « Force de Sibérie » (Power of Siberia) entré en service en 2019. Long de 4 000 km, il part de la région du lac Baïkal et rejoint le nord de la Chine. Moscou aimerait lancer une deuxième liaison mais Pékin aimerait diversifier ses sources. 

Des camions attendent devant la raffinerie de Guwahati exploitée par Indian Oil Corporation, à Guwahati (Inde), 2023.

4. ... et vers le Sud !

La Russie a également réorienté ses ventes au Sud, vers le sous-continent indien. L’Inde a considérablement accru après 2022 ses achats de gaz et de pétrole russes. Sur l’image, les camions-citernes s’entassent devant la de Guwahati, de l’Indian Oil Corporation . En mars 2023, le géant pétrolier russe Rosneft a annoncé un important accord destiné à accroître les livraisons de pétrole à la firme indienne. 

5. La Russie face à l’essor du gaz naturel liquéfié (GNL)

5. La Russie face à l’essor du gaz naturel liquéfié (GNL)

La Russie doit aussi s’adapter au développement du GNL, qui permet des livraisons par bateaux, donc plus flexibles que celles par gazoducs fixes. Le pays a engagé la construction de grandes unités de  . Ici, le chantier de construction en novembre 2015 du site de Yamal, au-delà du cercle polaire. 

6. Des conditions extrêmes

6. Des conditions extrêmes

Le Nord arctique, avec ses températures à -40° C et son sol gelé, impose de recourir à des technologies lourdes. Sur le site de Yamal, il a fallu enfoncer à 20 mètres des pilotis d’acier dans le permafrost pour trouver un sol qui puisse soutenir les bâtiments de l’usine de liquéfaction de gaz. Le projet est conduit par Novatek, le deuxième plus grand producteur russe de gaz naturel.

8. Le gigantisme des chantiers

7. Le gigantisme des chantiers

Une fois liquéfié, le gaz naturel doit être stocké dans d’immenses cuves. Ici, lors de la construction du site de Yamal, des ouvriers travaillent à l’intérieur d’un des réservoirs qui assureront cette fonction.

Le gigantisme des chantiers

8. Des méthaniers dans les mers gelées

Le gaz naturel liquéfié est transporté à bord de méthaniers spécialement conçus. Sur la péninsule de Yamal, ils accostent dans le port de Sabetta, dont les eaux sont gelées une bonne partie de l’année. Les cargaisons partent en été par la route de l’est, vers l’Asie, en hiver par la route plus ouverte de l’ouest, vers l’Europe.

Des brise-glaces ouvrent les routes de l'Arctique

9. Des brise-glaces ouvrent les routes de l’Arctique

La Russie s’est dotée d'une importante flotte de brise-glaces, gage de sa   dans l’Arctique. Elle a lancé à l’été 2016 un deuxième bâtiment à propulsion nucléaire. Cette flotte est destinée à ouvrir la route maritime du nord, qui permet aux navires, notamment les pétroliers, de rejoindre l’Asie sans contourner l’Afrique. Sur la photo, le pétrolier Valletta l’emprunte pour la première fois en février 2015. 

De grandes réserves de charbon et de métaux rares

10. De grandes réserves de charbon et de métaux rares

La Russie est un grand producteur de charbon, au 6ème rang mondial. Elle possède les deuxièmes plus grandes réserves au monde, derrière les États-Unis, notamment dans le Grand Nord et en Sibérie. Sur l’image, la plus grande mine russe à ciel ouvert, à Borodino, en Sibérie orientale. Le gisement s’étend sur 7 km de long et 2 km de large. La veine, bien visible ici, a par endroits 100 m de haut.  Le sol russe renferme également de grandes réserves de métaux rares.

La Russie, grand exportateur de l’atome civil

11. La Russie, grand exportateur de l’atome civil

Malgré les sanctions imposées contre elle depuis l’invasion de l’Ukraine, la Russie, avec sa société Rosatom, domine le marché international du nucléaire, en vendant notamment « clé en main » en Chine, en Inde, en Égypte, en Turquie, en Slovaquie, etc. La Russie s’intéresse aussi aux petits réacteurs modulaires, utilisables notamment sur des bateaux. Sur la photo, la fabrication d’un réacteur RITM-200 pour sa flotte de navires brise-glaces dans l’usine de Podolsk, près de Moscou.

13. L’apparition du solaire … au Nord et au Sud

12. L’apparition du solaire… au nord et au sud

La Russie a un grand potentiel solaire. Il est encore peu exploité même si le pays a engagé plusieurs développements, en Yakoutie (Sibérie) et dans le sud du continent. En Crimée, où Moscou a rétabli sa souveraineté, l’approvisionnement en énergie dépend encore en partie de l’Ukraine. Pour sécuriser l’alimentation, un parc photovoltaïque a été installé dans les faubourgs de la capitale, Simféropol (photo). 

14. Les menaces du réchauffement climatique

13. Les menaces du réchauffement climatique

Les immenses forêts russes sont un puits naturel de carbone considérable et Moscou compte sur cette richesse forestière pour atteindre ses objectifs en matière climatique. Mais d’immenses feux provoqués de plus en plus souvent par la sécheresse, des portes de Moscou aux confins de la Sibérie, font peser une lourde menace pas toujours bien contrôlée. Sur la photo, un feu dans la région de Riazan, à 180 km au sud-est de Moscou.

15. La dégradation du permafrost

14. La dégradation du pergélisol

Le  a aussi pour effet de faire fondre la partie gelée du sol du Grand Nord, le (ou permafrost). Cette fonte présente plusieurs risques, notamment la libération de virus et celle de gaz souterrains. Sept cratères géants sont apparus dans la péninsule de Yamal, que des experts attribuent à la fonte du permafrost.

16. En train rapide à travers la Sibérie ?

15. En train rapide à travers la Sibérie ?

La Russie a entrepris de développer son réseau ferroviaire, avec son train à grande vitesse Sapsan (photo). Il relie déjà Saint-Pétersbourg à Moscou mais la grande affaire sera la liaison vers l’est : Moscou – Kazan (8 000 km) est en projet ; ensuite, ce sera l’objectif Pékin, avec le soutien de la technologie chinoise, très avancée dans les trains rapides. Pékin serait alors à deux jours de Moscou… au lieu de six.